CONSEILS PRATIQUES AUX FUTURS PELERIN(E)S

1
Avant de se mettre en route
 

Il est très probable - et souhaitable ! - que ton Chemin se révèle une des découvertes les plus belles, surprenantes, gratifiantes de ta vie : il importe donc, pour que ta joie ne soit pas ternie ni ton voyage compromis par des soucis matériels ou sanitaires, de le préparer, de te préparer soigneusement.

En premier lieu, il convient de dire que, physiquement, le Chemin de St Jacques est à la portée de tous, de tous âges, de dix à quatre-vingts ans environ, pour autant que le/la pèlerin(e) sache doser ses efforts et ses étapes en fonction de ses possibilités.

Une fois que tu auras pris ta décision, tu commenceras ta préparation physique : tu feras des promenades, des randonnées en montagne en augmentant progressivement la distance à parcourir, jusqu'à ce qu'elle corresponde aux étapes que tu prévois. Prends également le temps de tester ton sac, d'en équilibrer le poids par différents réglages, et de faire le point sur tes compétences de porteur assez tôt avant le départ.

En même temps, tu " feras " tes chaussures à ton pied : rien de pire qu'un matériel neuf pour attraper des ampoules ! Si le choix des chaussures reste une affaire personnelle, il est néanmoins recommandé de les choisir les plus légères et souples possible, tout en assurant le soutien du pied, et de pouvoir, le soir, reposer ses pieds dans des chaussures plus légères (par exemple, des sandales sportives qui peuvent, à l'occasion, sur terrain plat et par temps chaud, s'avérer une heureuse alternative aux chaussures montantes) ou ultralégères mais ne convenant pas à la marche (tongs, crocs). Quant aux chaussettes, choisis-les de préférence sans couture sur les orteils, et prends-en assez (3 paires au minimum, fines ou/et épaisses selon ton expérience).

Au bout du Chemin, tu auras porté ton sac à dos pendant environ 500 heures : il doit donc être pratique, adapté à ta morphologie et, surtout, ne pas peser plus de dix kilos, et, si possible, moins ! (pas plus de 8 kg pour 165 cm et 60 kg !). Il est possible de transporter le strict nécessaire avec un sac de 6 kg (contenance : 35-40L). Tiens compte, en l'achetant, de son poids "à vide", indiqué sur l'étiquette, en équilibrant confort (par exemple, bretelle et ceinture rembourrés) et poids. N'oublie pas qu'une gourde remplie et un casse-croûte pèsent 1-2 kg ! S'il n'est pas muni d'une housse imperméable, un sac poubelle de 110L., renforcé de bande adhésive aux trous pratiqués pour les bretelles, peut faire l'affaire. Prends soin d'équilibrer les différents " points de portage " : courroies de bretelles (épaules), de ceinture (hanches), de poitrine. Un sac de couchage, le plus léger possible, est indispensable : il se peut que des gîtes soient pauvres en couvertures, ou bondés, voire, en certains endroits, fermés ! Une natte de mousse peut s'avérer utile, mais peu pratique à jucher sur le sac à chaque départ. En revanche, un petit carré imperméable pour s'asseoir sera très utile.

S'il n'est guère conseillé de transporter des réserves de nourriture, il est précieux de pouvoir disposer en tout temps d'aliments énergétiques et légers : fruits secs, sucre de raisin, barres de céréales. Donne à ton corps, qui subit une épreuve nouvelle, les moyens de la supporter : bois donc plus qu'à satiété normale, surtout en été ! Remplis ta gourde (1 litre au minimum) le soir, au gîte : il arrive que l'eau soit coupée durant la nuit, et celle des fontaines n'est pas toujours potable. Les boissons dites énergétiques sont aisément (et... économiquement !) remplacées par des soupes salées et jus de fruits le soir, et la gourde permanente " camel bag " par des arrêts bénéfiques, de toute façon indispensables. Pour les repas, tu trouveras en général des bars ou commerces à l'étape et, quand ce n'est pas le cas, les guides le mentionnent.

Prévois une trousse de secours élémentaire, en privilégiant les médicaments liés à la marche : deuxième peau, pansements, désinfectant, petits ciseaux, crème pour les pieds, vaseline ou talc pour les irritations dues aux frottements (" loup "), en n'oubliant pas un remède contre la " tourista " (diarrhée du voyage) et les maux de tête. Pour les dortoirs, des bouchons d'oreille (genre " boules Quies ") peuvent s'avérer précieux... Enfin, n'oublie pas tes médicaments habituels : il est souvent impossible de les trouver dans des pharmacies étrangères.

Prévois également : trousse et serviette de toilette légers, crème solaire, lunettes de soleil, papier hygiénique, mouchoirs en papier, gobelet plastique, canif (avec ouvre-boîte), mini-nécessaire de couture avec épingles de nourrice, sachets plats de poudre à lessive (plus légers que les gros tubes) et pinces à linge pour les lessives quotidiennes, lampe (celle du portable suffit) et, si tu veux respecter la tradition de la Cruz de Ferro, un petit caillou de chez toi.

Ta maison (c'est-à-dire ton sac) se doit d'être bien organisée, de manière à ce que tout objet soit aisément et rapidement accessible : range les objets de même nature (vêtements, sous-vêtements, matériel photo, etc.) dans des sachets de plastique de couleurs différentes ou des poches spéciales du sac. En cas de pluie, retourne les sachets (ouverture en bas) pour garder les objets au sec.

Et, si ton dos est fragile, tu peux confier, sur la plupart des chemins principaux, ton grand sac à une entreprise de transport spécialisée, qui, pour une somme... raisonnable, te le transportera jusqu'au prochain gîte. Ainsi tu resteras dans le milieu des pèlerins traditionnels, alors que confier son parcours à une agence de voyage s'avère non seulement plus cher, mais les nuits en hôtels, certes plus confortables, te mettent en marge du milieu jacquaire.

Pour conserver la mémoire de ta grande aventure, n'hésite pas à te munir d'un cahier et d'un stylo pour noter tes pensées, expériences, réflexions, voire d'un appareil-photo avec chargeur,
(ou smartphone) : ces documents te seront précieux au retour. En effet, la route est si riche en émotions et découvertes que la seule mémoire n'y saurait suffire, et, dans les moments plus difficiles, " écrire, c'est déjà guérir ! ". A propos de téléphone, vérifie attentivement les conditions de ton abonnement de portable, afin d'éviter les surprises des frais d'itinérance.

Si ta route est longue, tu peux te faire envoyer les guides et autres objets lourds en poste restante (en esp. " lista de correos ") dans les grandes villes jalonnant le parcours. Prévois que les offices de poste gardent les envois, en général, de 10 à 15 jours, et fais en sorte de ne pas arriver un samedi à 12h05 à la poste ! Certains accueils acceptent les envois à l'avance de documents pour la suite du voyage. Il est prudent de leur téléphoner avant le départ.


> Suite
> Retour