Retour
|
Branche
Porrentruy-Tavel - du 19 au 25 juillet
Le
but de notre route est clair: Tavel (Tafers), puisque entre autres notre
association marque cette année jacquaire par une marche en étoile
convergeant vers ce lieu. Le projet mijotait depuis une bonne année
puisque le soussigné en a eu connaissance lors d'une marche en
Bavière.
En tant que Neuchâtelois, je me suis senti interpellé pour
organiser une branche de l'étoile traversant ma région par
des lieux pas trop connus, mais qui méritent de l'être. L'idée
première était de partir de Bâle, de visiter le centre
de pèlerinage de Mariastein, deuxième sanctuaire marial
après Einsiedeln bien connu des jacquets de notre pays. Mais, à
l'examen, la route s'est avérée trop longue. Le point de
départ a été fixé donc à Porrentruy
qui a vécu dans l'orbite des princes-évêques de la
grande voisine encore proche, à en croire l'énorme écusson
ornant la tour du château. 25 places étaient disponibles
et, apparemment, le projet a plu car nous avons fait le plein! Claire-Marie
s'est chargée des réservations et de la gestion, et moi
de l'itinéraire.
Par ce moyennement beau et très chaud matin du lundi 19 juillet,
22 pèlerins (26 moins Christian, blessé par un chauffard,
Dominique, appelée au chevet de sa soeur, Mario qui nous rejoindra
à Saignelégier et Claire-Marie qui conduit le bus) se mettent
en chemin dès que nos amis franc-comtois Jackie et Claude ont trouvé
une place pour leur véhicule. Katherine, attentive, ferme la marche.
Merci à nos " lanternes rouges " de chaque jour, veillant
sur l'arrière-garde: Otto, Ruth, Mario, Claude, Jackie. Première
pause à l'orée d'un bois où nous réconfortons
nos corps grâce à une petite collation apportée par
le bus et nos coeurs grâce à notre conducteur spirituel Francis.
La montée, pas trop longue, se poursuit jusqu'aux Chaînions
où nous passons dans le bassin du Doubs, donc de la Méditerranée.
Il ne m'appartient pas de vanter le premier des excellents casse-croûte
de midi que Claire-Marie nous confectionne, aussi je m'abstiendrai de
tout commentaire flatteur. Vue magnifique ! En se haussant quelque peu
sur la pointe des pieds on aperçoit les sommets de la trinité
bernoise : Eiger, Mönch, Jungfrau, et, plus près, les magistrales
éoliennes du Mont-Soleil et de Saint-Brais. Descente vers St-Ursanne,
visite de la collégiale, de sa crypte (premier essai de chant polyphonique...
encourageant !) et de son magnifique cloître baigné de soleil.
Le camping du Chandelier nous accueille avec tant de chaleur (45 degrés
dans les caravanes !) que nous saluons avec reconnaissance la fraîcheur
qui vient avec la brune.
Repas suivi d'une méditation sur un bon roi qui lors d'une colère
regrettable jeta son fils en prison, lequel fils refusa les honneurs de
la succession. Chants et cor des Alpes : le ton - l'amitié - est
donné. Et bravo pour les efforts couronnés de succès
de Irmgard, Elisabeth, Edit, Georgina, Maria, André ... de parler
la langue de Molière ! Les tentatives inverses seront moins efficaces...
Le mardi 20, notre groupe remonte le Doubs par un sentier très
sauvage et beau. Francis nous relate le conte du renard tombé dans
un pot de peinture rouge, ce qui lui donna un prestige auprès de
ses congénères... tant que dura la couleur ! Un bémol
: la chute de notre ami Alberto qui se solde par des contusions au genou
droit (diagnostic de l'hôpital de Saignelégier). Il deviendra
l'aide chauffeur-cantinier de Claire-Marie durant quelques jours, mais
rejoindra Tavel à pied ! Près de Soubey, au bord du Doubs,
pique-nique dans un cadre idyllique grâce à qui ? l'entregent
de notre conductrice ? l'amabilité et le calme des gens d'ici qui
vivent " loin des vains bruits de la plaine " ? Jacqueline,
Irmgard, Elisabeth, Edit, Claude font déjà trempette au
milieu des truites, cependant que Françoise sommeille sous un saule.
Visite de la petite église et des lumineux vitraux de Coghuf. On
chante aussi, et la Prière du Pâtre à quatre voix,
de l'abbé Bovet, commence à prendre forme sonore: ce sera
notre " hymne de marche ". Vers 15 heures, un bus spécial
nous transporte là-haut, aux Enfers qui doivent leur nom peu engageant
aux feux des défrichages de jadis. A Saignelégier, logement
à l'hôtel du Soleil où Mario nous rejoint. Aidés
par l'odorante Damassine offerte par Alberto, nous refaisons le monde
tard dans la nuit, sur la terrasse encore chaude.
Ce mercredi 21, on quitte le Trans-Swiss Trail (fléché 2)
pour le plus confidentiel chemin des crêtes version canton du Jura.
Petite escapade par les rochers de Sommêtre. Pas de grimpe (ouf
!), on se contente des belvédères. Goûter en plein
air et méditation dans la sereine clarté de l'église
moderne du Noirmont: désormais notre petit rite matinal aura pour
cadre des lieux de haute spiritualité. On longe le bord des Côtes
du Doubs tout en restant, le pied gauche du moins, sur les Franches-Montagnes.
On est vraiment au pays du cheval! De vastes espaces pour l'équitation.
Le pèlerin est plus lent. Sur la suggestion d'Yvonne, pour qui
ce pays n'a pas de secret, nous contournons les Bois pour visiter un "
EMS " pour vieux chevaux méritants aux Maisons Rouges. Nous
logeons à l'hôtel de la Chaux-d'Abel, grande maison isolée
posée sur une molle éminence du Jura bernois, naguère
lieu de rencontre des anabaptistes, aujourd'hui maison d'hôtes de
charme : apéro/chaises longues, lecture dans le grand salon, fraîcheur
des draps blancs...
Le jeudi 22, départ pour La Puce, puis descente raide jusqu'à
Renan (méditation à l'église) et remontée
sans concession (c'est-à-dire raide et à pied) sur le Bec
à l'Oiseau. Premières gouttes de pluie. Grâce à
l'amabilité de Mme Winkler, propriétaire des lieux, on dîne
au sec, ce qui est bien agréable. Après la descente sur
le Val de Ruz (NE), nous prenons nos quartiers à Evologia à
Cernier, dans l'ancienne école d'agriculture reconvertie en lieu
de recherche-culture-exposition. Repas à la gloire de la gastronomie
neuchâteloise, de l'apéro " saucisson neuchâtelois
brioché + vin blanc sec" au " parfait à l'absinthe
" du dessert!
Vendredi 23, traversée du grenier neuchâtelois, champs de
blé entrecoupés de pâturages et de bosquets jusqu'à
la plus petite commune du canton: Engollon avec ses simples, mais splendides
fresques romanes où nous méditons sous la conduite de Francis.
Marche en silence qui nous permet de franchir le Seyon et remonter tranquillement
jusqu'à l'orée des bois de Chaumont où la petite
église de Fenin nous accueille avec ses chênes gigantesques,
et, bien visible, le 7e commandement du Décalogue: " Tu ne
paillarderas point ". On prend note, avant de descendre vers le lac.
Pleuvra? Pleuvra pas? L'indécision du ciel se poursuit jusqu'à
l'arrivée au port de Neuchâtel sous une pluie ... déterminée.
Là aussi Claire-Marie et Alberto ont trouvé un abri !
La traversée lacustre vers Morat est un intermède bienvenu,
même pour des fervents de la marche. Une fois à Morat, on
gagne à pied (tout de même !) la ferme Rentsch. Le baromètre
sombre alors à " pluie violente ", à laquelle
échapperont les marcheurs de tête et... tant pis pour la
queue, qui reçoit le déluge ! Plus tard, quelques courageux
feront trempette dans la micro-piscine. D'autres s'initieront à
la haute technologie de la machine à traire. Impressionnant ! Pour
la nuit, choix difficile entre le dortoir de l'ancienne étable
et la paille de l'ancienne grange où des nids douillets sont aménagés
sur les conseils de Veronica.
Le samedi 24, copieux petit déjeuner, puis méditation dans
la superbe chapelle de Münchenwiler (Villars-les-Moines pour les
adeptes du français 24 carats), enclave bernoise. Rapide retour
au pays fribourgeois à Cressier, puis le long de la Bibera. Jean-Pierre,
qui habite Courtaman, nous guide à travers Courtepin, vers un beau
chemin de forêt qui nous amène près de Cordast. Pique-nique
(non ! je ne ferai pas de commentaire flatteur). Ici nous sommes aux portes
de Fribourg et cela ne se voit guère. Pourtant on y arrive rapidement.
Flânerie-terrasse jusqu'à l'ouverture de l'auberge de jeunesse
du lieu. On y retrouve le groupe parti de Nyon, guidé par Bernard
et Murielle Favre. Inutile de décrire les chansons accompagnées
par la guitare de René et d'autres plus fribourgeoises, sans oublier
le tube de l'été : Mario, son harmonica, son " Temps
des Cerises " !
Dimanche 25, jour de la Saint-Jacques, courte étape précédée
de la visite de Fribourg par Jean-Pierre, grand connaisseur des lieux,
puis Tavel, présenté de loin par Maria de retour chez elle,
où nous arrivons en chantant Ultreia. Tous sont là, bon
pied bon oeil et même pas fatigués - un coup de chapeau à
nos aînés André et Claude !- Fête magnifique,
comme le furent ces 7 jours de découverte, de musique, d'amitié,
de partage et de joie ! Merci à tous et aussi à Bernard
Favre qui a organisé nos photos en album! Voir : PHOTOS.
Bernard
Nicolet
|