Marche en étoile 2010

Porrentruy - Tavel

Texte de Bernard Nicolet et Photos de Claire-Marie Nicolet, voir PHOTOS

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Branche Porrentruy-Tavel - du 19 au 25 juillet

Le but de notre route est clair: Tavel (Tafers), puisque entre autres notre association marque cette année jacquaire par une marche en étoile convergeant vers ce lieu. Le projet mijotait depuis une bonne année puisque le soussigné en a eu connaissance lors d'une marche en Bavière.
En tant que Neuchâtelois, je me suis senti interpellé pour organiser une branche de l'étoile traversant ma région par des lieux pas trop connus, mais qui méritent de l'être. L'idée première était de partir de Bâle, de visiter le centre de pèlerinage de Mariastein, deuxième sanctuaire marial après Einsiedeln bien connu des jacquets de notre pays. Mais, à l'examen, la route s'est avérée trop longue. Le point de départ a été fixé donc à Porrentruy qui a vécu dans l'orbite des princes-évêques de la grande voisine encore proche, à en croire l'énorme écusson ornant la tour du château. 25 places étaient disponibles et, apparemment, le projet a plu car nous avons fait le plein! Claire-Marie s'est chargée des réservations et de la gestion, et moi de l'itinéraire.
Par ce moyennement beau et très chaud matin du lundi 19 juillet, 22 pèlerins (26 moins Christian, blessé par un chauffard, Dominique, appelée au chevet de sa soeur, Mario qui nous rejoindra à Saignelégier et Claire-Marie qui conduit le bus) se mettent en chemin dès que nos amis franc-comtois Jackie et Claude ont trouvé une place pour leur véhicule. Katherine, attentive, ferme la marche. Merci à nos " lanternes rouges " de chaque jour, veillant sur l'arrière-garde: Otto, Ruth, Mario, Claude, Jackie. Première pause à l'orée d'un bois où nous réconfortons nos corps grâce à une petite collation apportée par le bus et nos coeurs grâce à notre conducteur spirituel Francis.
La montée, pas trop longue, se poursuit jusqu'aux Chaînions où nous passons dans le bassin du Doubs, donc de la Méditerranée. Il ne m'appartient pas de vanter le premier des excellents casse-croûte de midi que Claire-Marie nous confectionne, aussi je m'abstiendrai de tout commentaire flatteur. Vue magnifique ! En se haussant quelque peu sur la pointe des pieds on aperçoit les sommets de la trinité bernoise : Eiger, Mönch, Jungfrau, et, plus près, les magistrales éoliennes du Mont-Soleil et de Saint-Brais. Descente vers St-Ursanne, visite de la collégiale, de sa crypte (premier essai de chant polyphonique... encourageant !) et de son magnifique cloître baigné de soleil. Le camping du Chandelier nous accueille avec tant de chaleur (45 degrés dans les caravanes !) que nous saluons avec reconnaissance la fraîcheur qui vient avec la brune.
Repas suivi d'une méditation sur un bon roi qui lors d'une colère regrettable jeta son fils en prison, lequel fils refusa les honneurs de la succession. Chants et cor des Alpes : le ton - l'amitié - est donné. Et bravo pour les efforts couronnés de succès de Irmgard, Elisabeth, Edit, Georgina, Maria, André ... de parler la langue de Molière ! Les tentatives inverses seront moins efficaces...
Le mardi 20, notre groupe remonte le Doubs par un sentier très sauvage et beau. Francis nous relate le conte du renard tombé dans un pot de peinture rouge, ce qui lui donna un prestige auprès de ses congénères... tant que dura la couleur ! Un bémol : la chute de notre ami Alberto qui se solde par des contusions au genou droit (diagnostic de l'hôpital de Saignelégier). Il deviendra l'aide chauffeur-cantinier de Claire-Marie durant quelques jours, mais rejoindra Tavel à pied ! Près de Soubey, au bord du Doubs, pique-nique dans un cadre idyllique grâce à qui ? l'entregent de notre conductrice ? l'amabilité et le calme des gens d'ici qui vivent " loin des vains bruits de la plaine " ? Jacqueline, Irmgard, Elisabeth, Edit, Claude font déjà trempette au milieu des truites, cependant que Françoise sommeille sous un saule. Visite de la petite église et des lumineux vitraux de Coghuf. On chante aussi, et la Prière du Pâtre à quatre voix, de l'abbé Bovet, commence à prendre forme sonore: ce sera notre " hymne de marche ". Vers 15 heures, un bus spécial nous transporte là-haut, aux Enfers qui doivent leur nom peu engageant aux feux des défrichages de jadis. A Saignelégier, logement à l'hôtel du Soleil où Mario nous rejoint. Aidés par l'odorante Damassine offerte par Alberto, nous refaisons le monde tard dans la nuit, sur la terrasse encore chaude.
Ce mercredi 21, on quitte le Trans-Swiss Trail (fléché 2) pour le plus confidentiel chemin des crêtes version canton du Jura. Petite escapade par les rochers de Sommêtre. Pas de grimpe (ouf !), on se contente des belvédères. Goûter en plein air et méditation dans la sereine clarté de l'église moderne du Noirmont: désormais notre petit rite matinal aura pour cadre des lieux de haute spiritualité. On longe le bord des Côtes du Doubs tout en restant, le pied gauche du moins, sur les Franches-Montagnes. On est vraiment au pays du cheval! De vastes espaces pour l'équitation. Le pèlerin est plus lent. Sur la suggestion d'Yvonne, pour qui ce pays n'a pas de secret, nous contournons les Bois pour visiter un " EMS " pour vieux chevaux méritants aux Maisons Rouges. Nous logeons à l'hôtel de la Chaux-d'Abel, grande maison isolée posée sur une molle éminence du Jura bernois, naguère lieu de rencontre des anabaptistes, aujourd'hui maison d'hôtes de charme : apéro/chaises longues, lecture dans le grand salon, fraîcheur des draps blancs...
Le jeudi 22, départ pour La Puce, puis descente raide jusqu'à Renan (méditation à l'église) et remontée sans concession (c'est-à-dire raide et à pied) sur le Bec à l'Oiseau. Premières gouttes de pluie. Grâce à l'amabilité de Mme Winkler, propriétaire des lieux, on dîne au sec, ce qui est bien agréable. Après la descente sur le Val de Ruz (NE), nous prenons nos quartiers à Evologia à Cernier, dans l'ancienne école d'agriculture reconvertie en lieu de recherche-culture-exposition. Repas à la gloire de la gastronomie neuchâteloise, de l'apéro " saucisson neuchâtelois brioché + vin blanc sec" au " parfait à l'absinthe " du dessert!
Vendredi 23, traversée du grenier neuchâtelois, champs de blé entrecoupés de pâturages et de bosquets jusqu'à la plus petite commune du canton: Engollon avec ses simples, mais splendides fresques romanes où nous méditons sous la conduite de Francis. Marche en silence qui nous permet de franchir le Seyon et remonter tranquillement jusqu'à l'orée des bois de Chaumont où la petite église de Fenin nous accueille avec ses chênes gigantesques, et, bien visible, le 7e commandement du Décalogue: " Tu ne paillarderas point ". On prend note, avant de descendre vers le lac. Pleuvra? Pleuvra pas? L'indécision du ciel se poursuit jusqu'à l'arrivée au port de Neuchâtel sous une pluie ... déterminée. Là aussi Claire-Marie et Alberto ont trouvé un abri !
La traversée lacustre vers Morat est un intermède bienvenu, même pour des fervents de la marche. Une fois à Morat, on gagne à pied (tout de même !) la ferme Rentsch. Le baromètre sombre alors à " pluie violente ", à laquelle échapperont les marcheurs de tête et... tant pis pour la queue, qui reçoit le déluge ! Plus tard, quelques courageux feront trempette dans la micro-piscine. D'autres s'initieront à la haute technologie de la machine à traire. Impressionnant ! Pour la nuit, choix difficile entre le dortoir de l'ancienne étable et la paille de l'ancienne grange où des nids douillets sont aménagés sur les conseils de Veronica.
Le samedi 24, copieux petit déjeuner, puis méditation dans la superbe chapelle de Münchenwiler (Villars-les-Moines pour les adeptes du français 24 carats), enclave bernoise. Rapide retour au pays fribourgeois à Cressier, puis le long de la Bibera. Jean-Pierre, qui habite Courtaman, nous guide à travers Courtepin, vers un beau chemin de forêt qui nous amène près de Cordast. Pique-nique (non ! je ne ferai pas de commentaire flatteur). Ici nous sommes aux portes de Fribourg et cela ne se voit guère. Pourtant on y arrive rapidement. Flânerie-terrasse jusqu'à l'ouverture de l'auberge de jeunesse du lieu. On y retrouve le groupe parti de Nyon, guidé par Bernard et Murielle Favre. Inutile de décrire les chansons accompagnées par la guitare de René et d'autres plus fribourgeoises, sans oublier le tube de l'été : Mario, son harmonica, son " Temps des Cerises " !
Dimanche 25, jour de la Saint-Jacques, courte étape précédée de la visite de Fribourg par Jean-Pierre, grand connaisseur des lieux, puis Tavel, présenté de loin par Maria de retour chez elle, où nous arrivons en chantant Ultreia. Tous sont là, bon pied bon oeil et même pas fatigués - un coup de chapeau à nos aînés André et Claude !- Fête magnifique, comme le furent ces 7 jours de découverte, de musique, d'amitié, de partage et de joie ! Merci à tous et aussi à Bernard Favre qui a organisé nos photos en album! Voir : PHOTOS.

Bernard Nicolet

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